dimanche 8 juin 2014

Cinéma / Van Gogh comme vous ne l'avez jamais vu



Cinéma 

Van Gogh comme vous ne l'avez jamais vu


VIDÉO. En 1987, l'Australien Paul Cox réalise un documentaire où les lettres de Vincent entrent en résonance avec ses oeuvres. Il sort mercredi. Lumineux.

Le Point
Publié le 04 / 06 / 2014

John Hurt lit des extraits de la correspondance de Vincent et Théo Van Gogh.
John Hurt lit des extraits de la correspondance de Vincent et Théo Van Gogh. © Films sans Frontières
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  •  ©  Film sans frontières
"Nous sommes des pèlerins, des étrangers sur terre, il nous faut abandonner nos biens terrestres... La route continue-t-elle de monter jusqu'au bout ? OUI... Que de luttes l'homme doit mener chaque jour !..." Van Gogh ne fut pas seulement un très grand peintre, il fut aussi un remarquable écrivain-épistolier, qui dans les lettres à son frère Théo, à qui il demandait sans cesse de l'argent pour survivre, s'analysa de bout en bout, en particulier au cours des dix dernières années de sa vie, entre 1880 et 1890. "La peinture est une foi qui exige qu'on se moque de l'opinion publique... Je suis un homme excentrique et désagréable, mais je veux montrer ce que peut cacher le coeur d'un tel homme."
L'écriture est à la fois sèche et passionnée, l'introspection fouillée, fournissant un document exceptionnel sur l'existence et les tourments d'un pasteur novice qui se tourna vers la peinture, mais n'en vécut jamais, puisqu'il ne vendit qu'une seule toile de son vivant.

Gratitude

En 1987, Paul Cox réalisa un des documentaires les plus intelligents qu'on puisse concevoir. Étrangement, il n'avait jamais été distribué en France. Voilà l'oubli réparé... "Le mal guette, il faut m'emplir de toute la bonté possible... Celui qui peut se souvenir de ce qu'il a vu n'est jamais seul... Je suis un homme plein de passion... J'avance sur le chemin difficile de la peinture, désormais je ne peux plus faire demi-tour... Je dessine pour oublier, loin de tous... La lutte pour la vie de ces racines torturées et noueuses..." Pendant 100 minutes, le cinéaste australien d'origine néerlandaise arrive presque toujours à retrouver dans les paysages des saynètes, des dessins, des tableaux, l'équivalent visuel de ces extraits de lettres lus avec intensité et précision par le grand acteur britannique John Hurt.
Il en naît une harmonie idéale entre le texte, l'image et la peinture de Van Gogh que l'on suit dans son évolution, son enfermement dans le domaine de l'art qui apparaît avec toute sa cohérence. Van Gogh ici est partout, dans le mot, la couleur, les formes, et dans cet enrichissement mutuel, dans ce perpétuel jeu d'échos, on entre au coeur, au plus près du cheminement d'un artiste qui suivit son chemin de croix : "Je ne veux pas de mélancolie, mais que la douleur profonde émane de mes tableaux, je veux qu'on dise que ce peintre était plein de compassion... L'avenir va me rendre plus laid, mon chemin sera sans doute lugubre... Je veux laisser à l'humanité des tableaux en témoignage de gratitude... Je serai peintre, pauvre et humain." Un documentaire beau et lumineux qui vous fait toucher du doigt ce que fut un des artistes les plus intraitables de notre histoire.
Vincent, la vie et la mort de Vincent Van Gogh, documentaire de Paul Cox, avec la voix de John Hurt (sortie 4 juin)



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